L'AOF et l'AEF
Conseils, relecture et mise en forme : François SAMSON
Entre 1914 et 1916, l’Afrique équatoriale française (AEF) comme l’Afrique occidentale française (AOF) participent activement à la conquête du Cameroun. Ces deux ensembles, créés entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, s’inscrivent dans le renouveau de l’administration coloniale décidé par la Troisième République. En remplacement d’un sous-secrétariat d’Etat, une loi du 20 mars 1894 institue un ministère, qui a pour mission de gérer les colonies. En 1914, tous les territoires appartenant à la France, y compris l’AOF et l’AEF en dépendent. L’École nationale de la France d’Outre-mer (ENFOM), se charge, quant à elle, de former les cadres de l'administration coloniale. Grâce à ces deux ensembles, la France encercle littéralement la colonie allemande du Kamerun.
Carte de l’Afrique occidentale et Equatoriale française, réalisée après la Grande Guerre
(Source :http://www.africa-onweb.com/media/cartes/AOF-AEF.jpg)
1. L’Afrique occidentale française (AOF).
L’AOF rassemble au sein d’un même ensemble administratif les territoires de Mauritanie, du Sénégal, du Soudan français (actuel Mali), de Guinée, de Côte d’ivoire, du Niger, de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) et du Dahomey (actuel Benin).Elle est créée par le décret du 16 juin 1895, instituant un Gouverneur général de l’Afrique occidentale française. Cela marque le début d’une nouvelle organisation et d’une nouvelle politique pour les territoires sous domination française en Afrique de l’Ouest.
Le modèle d’organisation est fourni par l’Indochine, constituée en fédération en 1887. Les frontières de l’AOF sont d’abord esquissées par les arrangements de 1889 et 1890 qui fixent une ligne de partage entre les zones d’influence française et anglaise au nord de la Gold Coast (Ghana actuel) et de la région qui s’étend du Niger jusqu’au nord du Nigéria actuel. Ce n’est qu’après une période de tensions, en même temps que la crise de Fachoda, que les frontières définitives de l’AOF sont établies en 1898 entre la Cote d’Ivoire et la Gold Coast ainsi qu’entre le Niger et le Nigéria en 1906. Des arrangements sont conclus, après de vives rivalités avec l’Allemagne pour le Togo et le Dahomey. Les derniers arrangements se font entre le Libéria et la France entre 1907 et 1911.
A la tête de l’AOF, à Dakar, un gouverneur général dirige la défense et l’administration, dispose d’un budget fédéral alimenté par les revenus douaniers et contrôle les grands services fédéraux.
Palais du gouverneur de l’AOF à Dakar (vers 1920)
(Source :http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_la_R%C3%A9publique_%28S%C3%A9n%C3%A9gal%29)
En 1914, l’AOF s’étend sur un immense territoire de près de 4 millions de km2 pour une population estimée à seulement 11 millions d’habitants, inégalement répartie. Grâce à ses bataillons de tirailleurs sénégalais, qui regroupent environ 13 000 soldats, elle constitue un réservoir de troupes que la France entend utiliser, pour combattre l’Allemagne en Afrique mais également en Europe. En effet, suivant les conseils du général Mangin, qui a publié un livre sur cette question en 1910, intitulé La Force noire, la France recrutera massivement tout au long du conflit des tirailleurs sénégalais d’AOF, pour combattre en Europe.
2. L’Afrique équatoriale française (AEF)
Ce n’est que le 15 janvier 1910 que l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F) est créée. Elle regroupe le Gabon, l’Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine), le Moyen Congo et le Tchad. Sa conquête, qui débute en 1838, se déroule sur de nombreuses années. Elle s’accomplit essentiellement par des traités de paix, d’amitié et de commerce et la progression française se fait de manière pacifique.
L’AEF en 1914 est un ensemble également très vaste qui couvre 2 256 000 km2 mais assez peu peuplé : environ 8 000 000 d’habitants et encore peu mis en valeur.
A sa tête, un gouverneur général autonome, résidant à Brazzaville, possède le pouvoir législatif, qu’il exerce par arrêtés. Sous ses ordres, sont placés des lieutenant-gouverneurs en charge des colonies, qui sont elles-mêmes divisées en circonscriptions et subdivisions. Ces fonctionnaires possèdent de larges pouvoirs, par l’appui d’auxiliaires, comme les miliciens ou les chefs locaux dociles.
Palais du gouverneur à Brazzaville, vers 1930. (Le bâtiment existait déjà en 1914)
http://historiensducongo.unblog.fr/files/2008/04/palais30.jpg
Lorsque la Grande Guerre éclate en Europe, l’AEF se retrouve tout de suite mêlée au conflit en raison des milliers de kilomètres de frontières qu’elle partage avec le Kamerun. Les 6900 soldats qui y stationnent, sous le commandement du Général Aymerich, reçoivent dès le début de la guerre, l’ordre de l’attaquer. Le 5 août 1914, des soldats de l’AEF pénètrent au Kamerun depuis la région du Tchad, tandis que le lendemain, d'autres tirailleurs attaquent les postes allemands de Zinga et Bonga, dans le Sud. La Grande Guerre au Cameroun vient de commencer...
Sources :
Article « L’Afrique Equatoriale Française » d’Olivier Luciani in RIOUX J-P. (dir.), Dictionnaire de la France coloniale, Flammarion, 2007
PORTE R., La conquête des colonies allemandes, 14-18 Editions, 2006
DUBOIS C., « Le double défi de l'AEF en guerre (1914-1918) » in Africa, 44, 1, 1989
http://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique-Occidentale_fran%C3%A7aise