LE DIABETE ET SON HISTOIRE :
Tout ce qui concerne le diabète est décrit ici par ordre chronologique. Découvertes, origines... depuis l'apparition de cette maladie jusqu'à aujourd'hui. C'est très intéressant, traité avec une pointe d'humour, amusez-vous bien !
- C’est 4000 ans avant J.C. en Chine que le diabète a été mentionné pour la première fois. On parlait alors d’urine sucrée ou d’urine de miel.
- 1500 ans avant J.C. un papyrus égyptien, appelé papyrus Ebers, décrit des symptômes similaires à ceux du diabète : soif intense et amaigrissement.
- 300 ans avant J.C. On trouve une description plus précise du diabète dans certains anciens écrits de l'Inde. Ainsi, l'indien Susruta distingue 2 types de maladies qui présentent les symptômes du diabète: une qui apparaissait au sein de la population aisée et bien nourrie (il s'agit probablement d'un diabète de type 2) et l'autre qui touchait surtout les personnes maigres et qui conduisait rapidement à la mort (il pourrait s'agir du diabète de type 1). Pour cette dernière, le traitement recommandé était "un engraissement au riz" dont on peut penser, aujourd'hui, qu'il devait hâter la mort des sujets atteints !
- 130 ans avant J.C. Un médecin grec, Arétée de Cappadoce (la Cappadoce est actuellement en territoire turc) est le premier à décrire les symptômes du diabète de façon claire et complète. Il donne, en particulier, des renseignements concernant l'évolution de la maladie non traitée. Il en attribue la cause à une maladie aiguë de l'estomac et, en bonne logique, sa proposition thérapeutique consiste à "purger" l'estomac. Il propose alors des remèdes externes à appliquer sur l'estomac et des remèdes internes sous forme d'un régime à base de gâteaux au lait, de vin, de fruits secs et de laxatifs.
- 1er siècle après J.C. Constatant que les fluides n’étaient plus retenus par le corps, les grecs anciens baptisent cette maladie « diadêtês » (=qui traverse). Pour Galien de Pergame (131-201), il s’agit d’une affection des reins.
- 600 ans après J.C. On peut lire dans une oeuvre intitulée "Charika Samhita", écrite par l'indien Charika, la description d'une maladie appelée "Madhumeha" (ce qui veut dire "urine de miel") ou "Iksumeha" (ce qui veut dire "urine sucrée"). Les médecins utilisaient alors des fourmis ou d'autres insectes qui étaient attirés par le goût sucré de l'urine, pour confirmer le diagnostic. Citons un passage très imagé de ce texte : "Tu as un patient qui urine comme un éléphant en rut, dont l'urine est dite de miel et qui a un goût sucré qui attire les fourmis et d'autres insectes...". Cette façon très pragmatique de décrire les maladies permettait un diagnostic et un classement des affections à défaut d'être d'un grand secours sur le plan thérapeutique.
- Le médecin arabe Avicenne (980-1037) en reconnait deux types. Il indique le goût sucré des urines et évoque l’association à la gangrène de la maladie.
- Moïse Maïmomide (1135-1204), médecin juif, natif d'Espagne mais ayant beaucoup vécu en Egypte, y rencontre de nombreux cas de diabète, et les recense dans le recueil Aphorismes. De nombreux savants de la Renaissance se penchent sur cette maladie.
- Après Paracelse (1493-1541), médecin suisse, qui isole des urines des diabétiques un résidu à la forme de sel, Thomas Willis (1621-1675) indique que ce résidu a un goût sucré. Pour ces deux médecins, l'origine du diabète ne se situe plus dans les reins, comme le disait Galien, mais dans le sang.
- Le pancréas et l'insuline, quant à eux, sont très longtemps méconnus. C'est seulement au XVIème siècle que le pancréas (qui signifie " tout en chair " en grec) est isolé des autres tissus, et décrit comme une " glande -coussin ", dont le but est de protéger l'estomac des chocs contre la colonne vertébrale.
- Le bavarois Johann Georg Wirsung (1600-1643) étudie ensuite de plus près ce pancréas, et identifie des canaux qui partent du pancréas pour arriver dans l'intestin. Ces canaux seront appelés plus tard " canaux de Wirsung ".
- En 1674, Thomas Willis, médecin de Charles II d’Angleterre, évoque le gout sucre des urines du roi …
- John Rollo (1750-1809) est le premier à avoir " soigné " un diabète et à avoir inventé l'auto-surveillance. En effet, le capitaine Mérédith, que Rollo avait connu à l'armée, présentant les symptômes du diabète, Rollo lui prescrivit un régime strict sans sucre, qui améliora nettement l'état de santé du capitaine. Ce dernier avait en outre comme consigne de noter ses symptômes, ses repas et l'évolution de sa maladie dans un carnet, qu'on appellerait aujourd'hui " carnet d'auto-surveillance ".
- Concernant le traitement du diabète, Appollinaire Bouchardat (1809-1886) suit les traces de Rollo en recherchant pendant de longues années le régime diététique le plus efficace face au diabète. Les résultats de toutes ses études sont présentés dans son ouvrage " De la glycosurie ou diabète sucré, son traitement hygiénique ", publié en 1875. Cependant, il se trompe lui aussi sur la cause du diabète, qu'il attribue à l'estomac.
- En 1848, Claude Bernard (1813-1878) découvre le rôle du foie dans la fabrication de sucre par l'organisme à partir d'aliments même non sucrés. De cette découverte, il déduit que des urines sucrées sont dues à une fabrication de sucre trop importante par le foie... le diabète devient une maladie du foie.
-1848 Claude Bernard découvrit le rôle de la sécrétion pancréatique dans la digestion des graisses
-1855 la libération de sucre par le foie lavé après excision
- En 1869, l'étude au microscope du pancréas par l’étudiant allemand Paul Langerhans (1847-1888) lui fait découvrir des cellules particulières, disposées en amas dans le pancréas, et qu'on appellera plus tard les " îlots de Langerhans ".
- 1889 : lien établi entre le pancréas et le diabète par les Allemands Oskar Minkowski et Josef Von Mering.
- C'est en 1890 que Minkowski et Van Mering identifient le rôle du pancréas dans le diabète, en pratiquant une ablation pancréatique sur un chien, qui se met alors à présenter tous les symptômes du diabète. Au début du XXème siècle, des chercheurs donnent le nom d'insuline à l'hormone secrétée par le pancréas. Des essais d'injection sont effectués, mais se soldent par de nombreux échecs dus aux effets secondaires de ces injections (inflammations, fièvres, abcès...)
- 1921 : découverte de l’insuline par Frederick Grant Banting et Charles Best. Frederick Grant Banting, jeune chirurgien de l'Ontario, convainc le professeur Mc Leod, de Toronto, de lui fournir un laboratoire, un assistant et des chiens, afin d'isoler la substance sécrétée par le pancréas. Aidé de son assistant Charles Best, et du jeune professeur en biochimie Collip, ils réussissent à isoler massivement cette sécrétion. Après quelques essais infructueux, une injection réussie de cette sécrétion à un chien diabétique, Marjorie, diminue sa glycémie.
- Le 2 décembre 1921, Léonard Thomson, un jeune diabétique de 14 ans reçoit une injection d'insuline, qui lui permet de survivre. Ce n'est qu'un mois plus tard que l'équipe arrive à mettre au point une insuline suffisamment pure pour sauver réellement la vie du jeune homme.
- 1923 : Le 12 décembre, leur découverte de l'insuline est communiquée à la Société Américaine de Physiologie. Suite à cette fabuleuse découverte, l'équipe se voit attribuer le prix Nobel de médecine en 1923.
Début de la production industrielle et commercialisation d’insuline par des laboratoires à partir du pancréas de bœuf et de porc. La découverte est alors confiée aux laboratoires pharmaceutiques : Eli Lilly, aux Etats Unis, est le 1er laboratoire au monde à produire de l'insuline industriellement (1923). - Des molécules sont découvertes et utilisées dans le traitement oral du diabète non insulino-dépendant. Les premiers sont les sulfamides hypoglycémiants (1946) et les biguanides (1957). Viendront ensuite la metformine, les inhibiteurs des alpha glucosidases intestinales, les glinides et thiazolidinediones ou glitazones.
- 1955 : Frederick Sanger décrit la structure chimique de l’insuline humaine.
- Au cours des années 60 et 70, on fait des progrès dans le traitement des complications ophtalmologiques (grâce aux lasers) et rénales (avec la dialyse). On tente aussi les premières greffes du pancréas. La décennie suivante est marquée par la création d'associations de formation et d'encadrement des diabétiques et la mise en place de techniques d'auto-surveillance de la glycémie de plus en plus fiables.
- 1976 : La première greffe de pancréas.
- Le dosage de l'Hémoglobine glycosylée (HbA1c) est effectué pour la première fois.
- Au milieu des années 1980, des chercheurs étudient l'efficacité de la cyclosporine, substance utilisée afin de prévenir le rejet d'organes transplantés, principal écueil des tentatives de greffes.
- 1978-1982 : grâce aux progrès des technologies, l’insuline est produite par génie génétique.
- Les pompes à insuline portables et implantables apparaissent au début des années 1980, permettant d'injecter un débit continu d'insuline.
- Depuis 1985, des stylos injecteurs sont développés pour faciliter l'injection. L'auto surveillance glycémique, qui a commencé avec la surveillance urinaire, est pratiquée par des appareils de plus en plus sophistiqués (1er auto-piqueur en 1979).
- Le premier stylo à insuline a été développé en 1987 et le premier stylo injecteur à affichage électronique a été mis sur le marché en 1991.
- De nouvelles insulines, les analogues rapides de l'insuline humaine, sont découvertes dans les années 90, améliorant encore le confort du traitement.
- Enfin cette dernière décennie voit l'émergence de la recherche génétique. Le déterminisme du diabète semble clairement plurifactoriel, mais les corrélations identifiées entre certains marqueurs génétiques et le risque de diabète (gènes de prédisposition) ouvrent la voie à des approches prédictives, qui peuvent conduire à des stratégies de dépistage. La compréhension du rôle de ces gènes de prédisposition devrait aussi déboucher sur la mise au point de nouveaux médicaments qui inhiberont, ou au contraire stimuleront leur activité.