
C'est un disque ultra-fin en polymère, à peine plus grand qu'un CD, mplanté dans l'abdomen.
Avec ce dispositif, les patients ne seraient plus obligés de s'injecter de l'insuline : l'hormone serait fabriquée naturellement par des cellules de pancréas (obtenues par génie génétique ou à partir de cellules souches), placées à l'intérieur de la poche artificielle.
Ce projet, dont l'application à grande échelle n'est pas envisageable avant 2020, suscite beaucoup d'espoirs et d'attente pour les 25 millions de diabétiques de type 1 à travers le monde.
En outre, "le traitement actuel est performant, mais à long terme la maladie peut entraîner des complications pour le cœur et pour le cerveau. Le but est aussi de supprimer cet inconvénient", explique le diabétologue.
"Quand on est diabétique, on est friand de toute nouveauté susceptible d'améliorer le quotidien", commente de son côté Eric Dehling, le président de l'association Insulib qui regroupe une centaine de patients alsaciens.
L'idée du pancréas bio-artificiel est née dans le prolongement des greffes de cellules pancréatiques, destinées à suppléer le pancréas défaillant des patients pour permettre à leur organisme de fabriquer à nouveau de l'insuline, et de réguler ainsi leur taux de sucre dans le sang. Mais du fait du manque de greffons, cette technique ne peut bénéficier qu'à une infime minorité de patients. Et surtout, elle implique un traitement anti-rejet aux effets secondaires très lourds.
D'où l'idée de concevoir une sorte de petite boîte dans laquelle on placerait les cellules pancréatiques, pour les mettre à l'abri des attaques du système immunitaire.
Le défi a donc été de concevoir une membrane semi-perméable, qui permette une telle protection tout en laissant passer l'insuline, mais aussi les sucres - afin que les cellules pancréatiques "sachent" quelle quantité d'insuline produire.
Le disque en polymère sera implanté dans l'abdomen lors d'une courte intervention chirurgicale, et devra être remplacé tous les 4 à 6 ans. A l'intérieur, les cellules pancréatiques seront renouvelées - via une injection sous-cutanée - tous les 6 à 12 mois, une fréquence sans commune mesure avec les contraintes auxquelles sont aujourd'hui soumis les diabétiques, qui doivent s'injecter de l'insuline plusieurs fois par jour.
La mise au point de cette membrane a nécessité plus de 20 ans de recherche et coûté 6 millions d'euros. Une somme à comparer à l'immense potentiel économique de cette innovation, estimé à quatre milliards de dollars.